PROGRAMMES
DES ENSEIGNEMENTS DE LA CLASSE DE SECONDE
GÉNÉRALE
ET TECHNOLOGIQUE
ÉDUCATION
CIVIQUE JURIDIQUE ET SOCIALE
ENSEIGNEMENT COMMUN
Programme applicable à compter de l'année scolaire
2000-2001.
Ce texte annule et remplace celui paru au B.O. hors-série n° 5 du
5 août 1999.
PRINCIPES GÉNÉRAUX
Au sein du dispositif de rénovation des lycées, la création
d'un enseignement d'éducation civique, juridique et sociale (ECJS) dans
chacune des trois classes de seconde, première et terminale des lycées
d'enseignement général et technologique, ainsi que dans les lycées
professionnels, constitue une des principales innovations. Le nombre d'heures
qui lui est globalement accordé étant modeste, c'est dans ses
objectifs et par ses méthodes que cette innovation doit être significative.
Concourir à
la formation de citoyens est une des missions fondamentales du système
éducatif.
On ne peut oublier
que c'est au lycée qu'une partie des élèves atteignant
leur majorité civile, va se trouver confrontée au droit de vote
qui en découle ou à l'absence de ce droit pour les étrangers,
aux questions que ces différences soulèvent, à la décision
d'exercer ce droit et de mesurer la portée de ce choix.
Au-delà de
cette réalité hautement symbolique, la citoyenneté a bien
d'autres dimensions dont le lycée doit permettre la compréhension
avec l'aide de l'enseignement de l'ECJS.
Que signifie "éduquer
à la citoyenneté" dans un système scolaire ? Deux réponses
sont possibles.
- L'une consiste
à faire de la citoyenneté un objet d'étude disciplinaire,
au même titre que les mathématiques, la physique, la littérature
etc. ; la citoyenneté s'apprendrait à l'école avant de
s'exercer dans la vie du citoyen. Ce choix correspond pour l'essentiel à
la conception traditionnelle d'une instruction civique, en tant qu'inculcation
de principes à mettre en actes dans un temps différé plus
ou moins lointain. Elle a eu sa place dans le système éducatif
: les missions du lycée, fréquenté par une petite minorité,
n'étaient pas celles qui lui sont assignées aujourd'hui.
- L'autre réponse
part de l'idée que l'on ne naît pas citoyen mais qu'on le devient,
qu'il ne s'agit pas d'un état, mais d'une conquête permanente ;
le citoyen est celui qui est capable d'intervenir dans la cité : cela
suppose formation d'une opinion raisonnée, aptitude à l'exprimer,
acceptation du débat public. La citoyenneté est alors la capacité
construite à intervenir, ou même simplement à oser intervenir
dans la cité.
Cette dernière
réponse peut être mise en uvre au lycée aujourd'hui.
Deux conditions essentielles sont réunies : l'une correspond aux attentes
des élèves telles qu'elles se sont exprimées au travers
des consultations sur les savoirs ; l'autre s'inscrit dans la continuité
de ce qui a été enseigné en éducation civique au
collège, et permet de montrer les dimensions sociale, éthique
et politique de certains savoirs enseignés au lycée. De nombreux
professeurs ont exprimé leur intérêt pour cette démarche
et leur désir d'y contribuer.
Lorsqu'une pratique
éducative consiste à transmettre un savoir sous forme d'une succession
d'évidences sanctionnées par les autres, l'élève
apprend en outre autre chose que ces contenus : il apprend que le savoir est
détenu par des autorités, il a la tentation de ne le recevoir
que passivement, il commence par admettre qu'il peut être délégué
à "ceux qui savent". Appliquée à l'ECJS, une telle pratique
formerait des citoyens passifs, percevant le savoir comme déconnecté
de ses enjeux sociaux, économiques et politiques. Certes, on ne crée
pas le savoir, on le reçoit ; il est énoncé et validé
par quelqu'un qui fait autorité. Mais le savoir n'est pas seulement quelque
chose de transmis ; on doit aussi se l'approprier. L'élève pourra
exercer sa citoyenneté grâce au savoir, mais un savoir reconstruit
par lui, dans une recherche à la fois personnelle et collective.
L'éducation
civique, juridique et sociale doit être abordée comme un apprentissage,
c'est à dire l'acquisition de savoirs et de pratiques. Grâce à
ce processus doit s'épanouir, à terme, un citoyen adulte, libre,
autonome, exerçant sa raison critique dans une cité à laquelle
il participe activement. Ainsi se constitue une véritable morale civique
; celle-ci contient d'abord une dimension civile fondée sur le respect
de l'autre permettant le "savoir-vivre ensemble" indispensable à toute
vie sociale, mais elle suppose aussi une nécessaire dimension citoyenne
faite d'intérêt pour les questions collectives et de dévouement
pour la chose publique.
L'école (le
lycée ici) n'est pas et ne peut pas prétendre être le seul
lieu d'un tel apprentissage : elle doit y prendre, à côté
d'autres, toute sa place. L'ECJS ne doit ni prétendre se substituer,
ni accepter d'être considérée comme substituable à
la formation qui résulte de pratiques citoyennes, au lycée et
hors du lycée. Elle s'ouvre largement à la découverte et
à l'étude de ces pratiques.
L'éducation
civique, juridique et sociale n'est donc pas, parmi d'autres enseignements,
une discipline nouvelle. A quelques exceptions près, l'ECJS n'a pas à
ajouter de savoirs aux connaissances acquises dans les principales disciplines
enseignées au lycée. Elle peut, de surcroît, se fonder sur
les acquis du collège en matière d'éducation civique, dont
les programmes, désormais complets, préparent à cette nouvelle
approche en combinant de solides bases en matière institutionnelle à
l'initiation à des réflexions personnelles. Il s'agit donc d'organiser
le croisement et le dialogue de ces savoirs autour du concept intégrateur
de citoyenneté.
Le seul savoir nouveau
auquel il faut initier les élèves, grâce à l'ECJS,
concerne le droit, trop ignoré de l'enseignement scolaire français.
Il s'agit de faire découvrir le sens du droit, en tant que garant des
libertés, et non d'enseigner le droit dans ses techniques.
Mobilisant un ensemble
de connaissances disponibles, l'ECJS doit satisfaire la demande exprimée
par les lycéens lors de la consultation de 1998 sur les savoirs, de pouvoir
s'exprimer et débattre à propos de questions de société.
Le débat argumenté apparaît donc comme le support pédagogique
naturel de ce projet, même s'il ne faut pas s'interdire de recourir à
des modalités pédagogiques complémentaires.
Faire le choix du
débat argumenté n'est ni concession démagogique faite aux
élèves ni soumission à une mode ; c'est choisir une méthode
fructueuse. Le débat argumenté permet la mobilisation, et donc
l'appropriation de connaissances à tirer de différents domaines
disciplinaires : histoire, philosophie, littérature, biologie, géographie,
sciences économiques et sociales, physique, éducation physique...
notamment, mais non exclusivement. Il fait apparaître l'exigence et donc
la pratique de l'argumentation. Non seulement il s'agit d'un exercice encore
trop peu présent dans notre enseignement, mais au-delà de sa technique,
il doit mettre en évidence toute la différence entre arguments
et préjugés, le fondement rationnel des arguments devant faire
ressortir la fragilité des préjugés. Il doit donc reposer
sur des fondements scientifiquement construits, et ne jamais être improvisé
mais être soigneusement préparé. Cela implique qu'il repose
sur des dossiers élaborés au préalable par les élèves
conseillés par leurs professeurs, ce qui induit recherche, rédaction,
exposés ou prises de parole contradictoires de la part d'élèves
mis en situation de responsabilité et, ensuite, rédaction de comptes
rendus ou de relevés de conclusions.
Le débat
doit reposer sur le respect d'autrui et donc n'autoriser aucune forme de dictature
intellectuelle ou de parti pris idéologique. Il est une occasion d'apprendre
à écouter et discuter les arguments de l'autre et à le
reconnaître dans son identité.
Un tel dispositif
favorise les adaptations. Le même thème du programme pourra être
abordé en fonction des activités ou des préoccupations
propres à chaque classe. Les événements de l'actualité
pourront être tout à la fois pris en compte et mis à distance.
Le dossier documentaire
sur lequel se fonde le débat est le témoin de la progression de
cette démarche. Il peut prendre des formes variables : présentation
de textes fondateurs ou de textes de loi, sélection d'articles de presse,
collecte de témoignages, recherche ou élaboration de documents
photographiques, sonores ou vidéo. C'est ici que l'ECJS peut utiliser
toutes les modalités interactives de la recherche documentaire actuelle.
Quelques exemples sont soulignés dans le programme de chaque classe,
sans leur donner un caractère limitatif qui serait contraire à
la liberté pédagogique des professeurs.
Le lien avec l'autre
innovation que constituent les "Travaux Personnalisés Encadrés"
(TPE) est ici évident et devra être exploité.
Dans le cadre de
la liberté des choix pédagogiques, les élèves doivent
acquérir des méthodes à travers lesquelles ils seront initiés
à l'étude des règles juridiques et des institutions. On
peut ainsi, à propos de situations concrètes, enseignées
ou vécues, et sans préjuger de l'usage d'autres pratiques, identifier
trois moments remarquables.
- Le premier moment
étudie les circonstances et les conditions de l'invention de la règle
ou de l'institution. On a trop tendance à oublier l'origine et l'histoire
des règles. Leur genèse doit être mise au jour. Ainsi, pour
la famille, les règles qui guident l'autorité parentale à
laquelle tout enfant est soumis se sont transformées à travers
le temps, particulièrement au cours des trois dernières décennies,
déterminant son exercice actuel. De même, les règles qui
déterminent les relations du travail ne peuvent être comprises
qu'en connaissant les contextes et conflits qui, depuis un siècle, ont
construit et construisent encore le droit du travail. L'histoire est donc ici
très particulièrement mobilisée ; étudier les conditions
de naissance d'une règle, en montrant qu'elle est une production historique
et non un a priori absolu, contribue à humaniser la règle de droit
: ce n'est plus un dogme mais une règle de vie. L'institution scolaire
peut aussi servir d'objet d'étude : ainsi, le règlement intérieur
du lycée peut être analysé et étudié quant
à ses origines et son actualité, assurant le lien avec les enseignements
du collège.
- Le deuxième
moment privilégie l'étude des usages de la règle par les
acteurs sociaux concernés. La règle n'est pas nécessairement
utilisée comme ses inventeurs l'avaient imaginé : la pratique
d'une règle peut s'éloigner des principes qui ont guidé
sa fondation. Il faut donc conduire l'élève à se demander
pourquoi les acteurs sont amenés à utiliser une règle dans
un sens plutôt que dans un autre. On montrera alors qu'une même
règle peut avoir des utilisations différentes selon les contextes
économiques et sociaux, selon les époques ou selon les pays. Les
apports de l'histoire, des sciences économiques et sociales, du français
(notamment à travers la lecture de textes d'actualité) seront
mis à contribution. La législation américaine antitrust,
adoptée à la fin du XIXème siècle, fut utilisée
à l'époque essentiellement contre les syndicats ouvriers : elle
pourrait ainsi être confrontée aux législations et procès
contemporains contre les monopoles qu'illustre le cas des multinationales de
l'informatique. La géographie introduit à la notion d'espace et
à la mise en évidence des intérêts, privés
ou publics, individuels ou collectifs, qui peuvent se manifester à son
propos. Ainsi une zone franche, avec les dérogations qu'elle implique,
peut favoriser un quartier classé sensible, ou être utilisée
comme un paradis fiscal. Hors d'un champ disciplinaire particulier, l'école
peut offrir à nouveau de nombreuses illustrations de ces comportements.
- Le troisième
moment s'attache aux discours produits sur les règles. Chaque époque
produit des discours qui tentent de justifier rationnellement les règles
existantes. D'une époque à une autre, d'un lieu à un autre,
ces discours peuvent différer jusqu'à être contradictoires.
L'ECJS en tant qu'éducation à la citoyenneté doit conférer
la capacité à analyser les discours existants. C'est cette fois
sur les objectifs fixés par le programme de l'enseignement du français
au lycée ("approfondir la maîtrise du discours") que l'ECJS peut
se fonder, tout en recourant à des exemples relevant des autres disciplines
déjà mentionnées, comme l'histoire. On peut ainsi renouveler
la perception de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
qu'il sera opportun de reprendre à cette occasion, en découvrant
qu'elle a donné lieu à des lectures différentes en 1789
et lors des commémorations de 1889 ou de 1989. Le citoyen doit pouvoir
les identifier et les décrypter s'il veut s'approprier pleinement ce
texte fondateur. On trouverait, ici encore, à propos du lycée,
de nombreuses illustrations ; ainsi des discours produits sur l'école
par différents protagonistes, hommes politiques et partis, syndicats,
parents d'élèves, etc.
Les modalités
matérielles de mise en uvre de l'ECJS doivent donc être au
service de ces ambitions. Sans ignorer les difficultés pratiques que
peuvent rencontrer les chefs d'établissement pour y parvenir, les regroupements
de l'horaire réglementaire sont essentiels pour permettre la réalisation
du travail qu'impliquent ces programmes. Le choix de huit séquences mensuelles
de 2 heures chacune est hautement souhaitable ; il est adapté aux modalités
pédagogiques décrites ici, tant par son rythme (temps de préparation
et de suivi des dossiers) que par la durée des séances nécessaire
pour que le maximum d'élèves puisse participer au débat.
À défaut, le rythme de l'heure par quinzaine ne peut être
considéré que comme un pis-aller.
De très nombreux
professeurs, par leur savoir, leur culture, leur implication dans la vie du
lycée, ont vocation à contribuer à cet enseignement. La
participation d'intervenants extérieurs, témoins dans un champ
social étudié, est évidemment souhaitable. Les responsables
des établissements doivent favoriser ces pratiques ; cela implique que
cet enseignement devant être organisé dans toutes les classes et
filières de leurs lycées, ils encouragent et si possible organisent
coordination, échanges d'expériences et mise en commun de séquences
pédagogiques.
L'architecture d'ensemble
du programme, sur les trois années du lycée, consiste à
redécouvrir par l'analyse la notion de citoyenneté, à en
étudier les principes, modalités et pratiques, et à la
confronter aux réalités du monde contemporain. Il est naturel
que l'accent soit mis sur des aspects différents de cette problématique
dans chacune des classes du lycée.
En classe de seconde
: "De la vie en société à la citoyenneté"
La découverte
de la citoyenneté se fait à partir de l'étude de la vie
sociale que l'élève peut comprendre pour remonter, par analyse,
à sa source politique et à sa construction dans le temps. Des
objets d'étude, choisis dans la vie sociale, servent de base à
ce travail et permettent de faire découvrir par les élèves
une ou plusieurs dimensions de la citoyenneté. Par là, on approfondit
et enrichit ce qui a été acquis au collège.
En classe de première
: "Institutions et pratiques de la citoyenneté"
L'étude de
la citoyenneté permet l'analyse du fonctionnement des principales institutions
politiques de la cité. Les grands principes constitutionnels ouvrent
sur les institutions de la démocratie avec les partis politiques, les
systèmes électoraux et les libertés publiques. La présentation
des institutions judiciaires peut être faite à partir de divers
niveaux intéressant particulièrement les classes concernées
(prud'hommes et législation du travail, tribunal de commerce et technologies
de la vente, autorité légitime et tribunaux d'exception par exemple).
La diversité des conceptions, des institutions et des pratiques de la
citoyenneté est appréhendée, par une méthode comparative,
dans le temps et dans l'espace.
En classe terminale
: "La citoyenneté à l'épreuve des transformations du monde
contemporain"
La confrontation
de la citoyenneté aux grandes transformations du monde contemporain permet
de déboucher, hors de toute intention polémique, sur des thèmes
faisant débat, par exemple les différentes conceptions de l'égalité,
le rôle des médias, l'indépendance de la justice, ou sur
des questions résultant des évolutions familiales, scientifiques
ou sociales. On aborde aussi les problèmes posés par l'unification
européenne et la mondialisation avec leur impact sur les institutions
politiques. On traite notamment le thème de "la défense et la
paix" sur lequel le système éducatif s'est engagé à
faire réfléchir les élèves dans le cadre de la fin
du système de conscription.
L'évaluation
de l'éducation civique, juridique et sociale doit refléter les
particularités de cet enseignement. Ne comportant pas ou très
peu de nouveaux savoirs, les programmes ne sauraient être présentés
exclusivement sous forme de listes de contenus. Ils mettent l'accent sur des
objectifs et sur l'acquisition de méthodes. Les documents d'accompagnement
suggèrent, sans les imposer, des exemples pour leur mise en uvre.
L'évaluation doit tenir compte d'une part de ce que cet enseignement
n'est pas censé apporter de savoirs fondamentalement nouveaux par rapport
à ceux qui sont acquis dans les autres disciplines, d'autre part de la
pédagogie particulière qui y est mise en uvre.
L'évaluation
durant les classes de seconde, première et terminale porte d'une part
sur l'investissement et la qualité des travaux produits par les élèves
avant et après la séquence, d'autre part sur les acquis qui auront
été assimilés lors de chaque séquence. Les professeurs
s'assurent de la maîtrise des notions recensées dans chaque programme.
PROGRAMME DE SECONDE
"De la vie en société
à la citoyenneté"
I - Objectif général de la classe de seconde
Étudier dans toutes ses dimensions la citoyenneté et son exercice
dans la société constitue l'axe de l'éducation civique,
juridique et sociale (ECJS) dans les trois niveaux du lycée. L'objectif
de cet enseignement en classe de seconde consiste à redécouvrir
cette notion de citoyenneté, déjà définie au collège,
en partant de la vie en société.
Cette confrontation
au réel est une mise à l'épreuve. Elle permet l'appropriation
active de cette notion. On partira donc de la vie sociale, saisissable par l'élève,
pour remonter à sa source politique. Quel que soit le domaine de la vie
sociale considéré, les individus rencontrent les règles
collectives qui organisent leur vie en société et définissent
les droits et les devoirs de chacun, les institutions chargées de les
mettre en uvre et de les faire respecter, les sanctions contre ceux qui
enfreignent ces règles.
L'apprentissage
de la citoyenneté implique que le citoyen connaisse ces règles,
sache d'où elles viennent et les valeurs qui les fondent. Cet apprentissage
suppose d'en appréhender la diversité des pratiques dans le temps
comme dans l'espace, et d'être éventuellement capable de les critiquer.
La démarche
privilégiée consiste donc à choisir des objets d'étude
dans la vie sociale pour faire découvrir par les élèves
une ou plusieurs dimensions de la citoyenneté, à travers, notamment,
la préparation et la tenue d'un débat argumenté.
Au terme de ce travail,
on vérifie si les élèves ont acquis les notions qui fondent
la citoyenneté.
II - Thèmes et notions
Afin de limiter les risques d'une trop grande dispersion, quatre
thèmes sont
proposés pour servir d'entrée dans le programme de la classe de
seconde. Ils permettent d'appliquer la démarche retenue : partir de la
vie en société pour illustrer une dimension de la citoyenneté.
Ce sont :
Citoyenneté
et civilité
Citoyenneté
et intégration
Citoyenneté
et travail
Citoyenneté
et transformation des liens familiaux
On utilisera, au choix, un ou plusieurs de ces quatre thèmes qui ne sont
pas énoncés dans un ordre contraignant. Un document d'accompagnement
présente des illustrations possibles de la méthode préconisée.
Il montre que le même thème peut être utilisé de plusieurs
manières, suggérant qu'au fil du temps, ces illustrations pourront
se périmer ou s'enrichir de matériaux fournis par l'actualité
ainsi que des pratiques et innovations des professeurs.
À partir
du travail sur l'un ou plusieurs de ces thèmes, les sept
notions suivantes
doivent être abordées et avoir reçu une première
définition :
Civilité
Intégration
Nationalité
Droit
Droits de l'homme
et du citoyen
Droits civils et
politiques
Droits sociaux et
économiques
Ces notions, présentes
dans les programmes du collège et des autres disciplines de la classe
de seconde, permettent de comprendre le sens de la citoyenneté en partant
des expériences des élèves et de leurs représentations.
Au terme de la classe
de seconde, une synthèse des différents acquis se réalisera
autour de la définition de la citoyenneté.
III - Démarche
Parmi les méthodes pédagogiques mobilisables pour cet enseignement,
il y a lieu de privilégier l'organisation de débats argumentés
: ils placent l'élève en situation de responsabilité. Choisir
de les conduire à partir de matériaux fournis par l'actualité
renforce la dimension pratique et l'intérêt concret de l'enseignement
de l'ECJS.
1 - Le débat
argumenté
Méthode pédagogique
privilégiée mais non exclusive, elle peut s'ordonner selon les
étapes suivantes :
- Choix d'un thème
avec les élèves, ce qui nécessite de le justifier par rapport
à l'étude de la citoyenneté.
- Organisation du
travail préparatoire au débat avec division du travail, travail
de groupes et coordination. On peut mobiliser des techniques variées
selon le sujet abordé : dossier de presse, recherche de documents historiques
ou juridiques, recherche sur cédérom ou sur l'Internet, enquête
avec visites ou entretiens, contact avec des personnes qualifiées, rédaction
d'argumentaires, etc.
- Tenue du débat
de façon concertée entre élèves et professeurs (choix
d'un président de séance, de rapporteurs, présentation
des argumentaires fondés sur des dossiers construits, prises de parole
contradictoires, prise de notes, etc.). Les professeurs veillent au respect
des règles du débat. Par leurs interventions et la reprise finale,
ils clarifient les positions en présence et leurs enjeux. Ils les relient
aux notions du programme et les mettent en perspective.
- Synthèse
orale et écrite et éventuelle diffusion des travaux de la classe
(cahiers, exposition, débat dans le lycée, etc.).
Le respect des conditions
et des règles du débat, en particulier la recherche qu'il suppose
d'un accord fondé en raison, constitue déjà en lui-même
un apprentissage pratique de ce qui fonde la citoyenneté.
2 - Utiliser
et traiter l'actualité en classe
L'actualité
locale, nationale et internationale fournit de nombreux matériaux qui
permettent aux enseignants de construire un débat sérieux sur
un sujet civique, politique, juridique ou social mettant en évidence
une dimension de la citoyenneté.
Le choix d'un événement
ou d'une combinaison d'événements dans l'actualité doit
répondre à deux soucis : d'une part être susceptible d'intéresser
les élèves, d'autre part permettre d'éclairer une des dimensions
de la citoyenneté. Dans le choix des priorités, il ne faut donc
pas nécessairement obéir à l'agenda des médias mais
saisir dans les événements ceux qui peuvent correspondre à
ces objectifs.
- Diversifier les
sources pour attester de la réalité des faits.
La première
tâche face à un événement consiste à confronter
les sources d'information pour, en les croisant, attester de la réalité
de ce qui va être étudié. L'événement brut
n'existe pas en lui-même, il n'existe qu'à travers le médium
qui le fait connaître et il est différemment reçu selon
les représentations dominantes du moment. Prendre de la distance par
rapport aux faits communiqués est donc essentiel à l'éducation
du citoyen. La constitution d'un dossier de presse, en évitant une accumulation
inutile, doit permettre ce croisement des sources, dont on connaît l'importance
dans l'investigation historique.
- Replacer l'événement
dans une chaîne historique.
La deuxième
tâche consiste à insérer l'événement étudié
dans son contexte spatio-temporel. Cela suppose des recherches indispensables
à la compréhension des faits, en mobilisant les méthodes
comparatives des sciences humaines et sociales. On peut ainsi contribuer à
relativiser la portée affective ou passionnelle des événements
au profit d'une analyse plus rationnelle. Un des obstacles à l'étude
sérieuse de l'actualité tient à la tyrannie du présent
qui chasse de la mémoire immédiate les événements
précédents ; le travail de recherche permet ainsi de limiter cet
effet en replaçant les faits dans une chaîne historique.
- Repérer
et analyser les interprétations divergentes et contradictoires.
La troisième
tâche consiste à identifier les différentes interprétations
produites sur le même événement. Les faits précis
mis en lumière ou occultés, les arguments choisis ou réfutés
ou ignorés, le choix des mots, la hiérarchie des termes, sont
autant d'éléments d'analyse des discours tenus, qui seront ici
très utiles.
- Partir de l'événement
pour aboutir à des notions de programme.
Ainsi éclairée
par une étude sérieuse, l'actualité doit permettre de donner
toute son importance à une des dimensions de la citoyenneté qui
sera ainsi découverte par les élèves de manière
beaucoup plus incarnée.
Les thèmes
d'entrée dans le programme peuvent être utilement saisis par un
événement tiré de l'actualité récente.
IV - Évaluation
Au terme de la classe de seconde, l'élève doit donc s'être
approprié la notion de citoyenneté, à partir d'exemples
pris dans la vie en société, et avoir compris que la citoyenneté
est une construction historique et démocratique. L'évaluation
en découle.
La pédagogie
mise en uvre fait appel à la mobilisation de l'élève
dans des activités aussi diverses que la constitution d'un dossier de
presse, la recherche de textes historiques ou de textes de loi, la consultation
de résultats d'enquêtes, la mise en cohérence d'un dossier
documentaire, la réalisation d'enquêtes personnelles, voire d'entretiens,
la préparation d'un argumentaire, la prise de parole ordonnée,
la présentation de petits mémoires, la présidence ou la
synthèse d'un débat, la prise de parole contradictoire dans le
respect de l'autre, etc. Quelques-unes seulement de ces compétences pourront
être mises en uvre dans le temps imparti à cet enseignement
par tel ou tel élève, mais toutes ces activités peuvent
être valorisées. Les productions écrites ou orales des élèves
servent de support à l'évaluation.
En fin d'année,
les acquis des élèves sur les notions constitutives du programme
de cette classe pourront être mesurés.
V - Orientation principale des thèmes
1. Citoyenneté et civilité
La vie quotidienne
dans la cité fournit des occasions de réflexion sur la nécessaire
civilité des rapports humains en tant que première condition de
l'exercice de la citoyenneté. On peut le montrer à partir de l'étude
de manifestations d'incivilité ; on peut aussi utiliser différents
faits de la vie sociale.
La citoyenneté
ne se réduit pas à la simple civilité. Elle implique la
participation à une communauté politique.
2. Citoyenneté
et intégration
L'exercice de la
citoyenneté suppose que les individus concernés participent à
la vie sociale. En analysant l'intégration et ses défauts, on
contribue à définir et à distinguer les notions d'intégration
et de citoyenneté. Par intégration, on désigne toutes les
formes de participation à la vie collective par l'activité, le
respect de normes communes, les échanges avec les autres, les comportements
familiaux, culturels et religieux.
On montre ainsi
que la réflexion sur la citoyenneté doit prendre en compte l'enracinement
social des individus.
3. Citoyenneté
et travail
Dans les sociétés
modernes, le travail est un des vecteurs essentiels de l'intégration
sociale ; c'est pourquoi chômage et pauvreté peuvent porter atteinte
à l'exercice de la citoyenneté.
Par ailleurs, la
citoyenneté ne s'arrête pas aux portes de la vie au travail. Quelles
que soient les contraintes de l'organisation de la production, celui qui travaille
est un citoyen : à ce titre, il dispose d'une série de droits
civils, politiques, sociaux, etc. On peut donc analyser à travers ce
thème la portée de la citoyenneté dans le monde du travail.
4. Citoyenneté
et transformation des liens familiaux
Il s'agit de comprendre
les droits et obligations qui concernent le citoyen dans la vie familiale.
Les transformations
de la vie familiale suscitent des interrogations sur l'évolution des
droits et obligations qui organisent les rapports entre conjoints et entre parents
et enfants.
NB. Un document
à l'usage des professeurs accompagne la mise en uvre de l'ensemble
des programmes.